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Je vous invite à retrouver ci-dessous le discours prononcé à l’occasion de la remise du prix Olympe de Gouges ce dimanche 8 mars 2015, à l’Hôtel de Ville de Verviers.

Cette année, le prix a été remis à Michèle Jehin, animatrice-coordinatrice de l’ASBL « La Page », association de prévention et d’aide à la jeunesse situé en Pré-Javais. Encore toutes mes félicitations!

Mon discours

C’est avec beaucoup de fierté que je vous accueille en tant que Bourgmestre à l’Hôtel de Ville de Verviers,pour cette journée lors de laquelle vous, Mesdames, êtes mises à l’honneur. Et bien sûr à l’occasion du Prix Olympe de Gouges à la Femme de l’Année 2015, dont le thème cette année est « La femme dans l’Action Citoyenne ». Un thème plus que jamais d’actualité !

Lorsqu’un journaliste m’a demandé, en décembre dernier, devant qui je m’étais senti petit en 2014, c’est sans hésiter que j’ai répondu Malala Yousafzai, prix Nobel de la Paix à 17 ans seulement, militante pour la défense des droits des femmes pakistanaises.

La jeune Malala Yousafzai, dès 11 ans, dénonçait sur son blog les violences des talibans au Pakistan. Une démarche d’un courage hors du commun pour une jeune fille, dans cette région où des hommes, des extrémistes au nom d’une idéologie, font régner la terreur.

Elle plaide aujourd’hui pour l’accès à l’éducation pour les filles. « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l’éducation les effraie » dit-elle lors d’un discours à l’ONU en juillet 2013. Les événements récents, qui se sont déroulés à notamment à Paris, donnent raison à la jeune Femme. Une jeune femme en avance sur son temps ! Pour paraphraser Aragon, la femme est plus que jamais l’avenir de l’homme !

Dans quelques minutes sera remis le prix Olympe de Gouges. Olympe de Gouges était également une femme engagée pour faire avancer la société du 18e siècle. « La femme dans l’Action Citoyenne », voilà un thème que ne renierait certainement pas Olympe de Gouges elle-même.

Auteur de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en faveur de droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des hommes noirs. Elle s’oppose également à la peine de mort, environ 200 ans avant l’abolition de cette peine en France. Olympe de Gouges était une humaniste, au sens le plus noble du terme.

Aujourd’hui encore, elle demeure une figure d’exception, non seulement pour son engagement politique et féministe, mais peut-être, et avant tout, pour ses positions d’avant-garde, courageusement exprimées.

La Journée de la Femme, ce dimanche 8 mars, nous rappelle que notre société a toujours besoin de femmes comme Olympe de Gouges hier et comme Malala Yousafzai aujourd’hui. Des femmes qui sortent du silence et expriment, avec un courage qui fait défaut à beaucoup d’hommes, des positions et des idées humanistes, progressistes.

Un proverbe dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. C’est faux. Ce sont derrière de grandes femmes, comme Malala ou Olympe de Gouges, que se cachent par lâcheté beaucoup trop d’hommes. Ces femmes, comme beaucoup d’autres au quotidien, mais moins médiatisées, se battent pour des idées et pour faire avancer la société.

Combien de femmes se battent, pacifiquement, au quotidien, dans leur famille, leurs engagements professionnels, sociaux ou politiques, pour donner force à l’authenticité, à la générosité, à l’intelligence du cœur, à la « délicatesse »… plutôt qu’au simulacre, à l’égocentrisme, à l’intelligence tactique – différente de l’intelligence du tact -, au «virilisme» si vous me permettez cet écart à notre belle langue française… Cette journée est l’occasion de les remercier !

Alors tant que la parole d’une femme ne sera pas considérée comme équivalente à celle d’un homme, tant que les discriminations, notamment salariales, continueront à exister, tant que le droit des femmes à disposer de leur corps ne sera pas unanimement reconnu, les Journées de la Femme continueront à avoir un sens.

Et tant que je serai Bourgmestre, c’est avec une immense fierté, et un grand plaisir, que je vous ouvrirai les portes de l’Hôtel de Ville, pas seulement les 8 mars, mais du 1er janvier au 31 décembre, à vous, Mesdames, qui prouvez chaque jour que notre société a encore beaucoup à apprendre de vous.

Merci pour votre attention.